Avant d’entamer mes propos concernant notre cheikh,
notre père, notre professeur «Assad
as Sounnah, littéralement : Le
lion de la Sounnah » et la fierté des Imams, abou ‘Abdir-Rahman
Mouhammad Naçiroud-dine al Albany-qu'Allah
lui fasse miséricorde-,
je noterais deux points très importants :
q
Le début d’un bien :
En effet l’année 1332 H, qui fut l’année de sa
naissance, fut également l’année du décès du grand savant de Syrie
Jamaloud- dine al Qassimi
-qu'Allah
lui fasse miséricorde-.
En fait, cette année là, le ciel de la Syrie perdit une étoile qui laissa
apparaître à sa place un astre nouveau.
q
Une belle fin :
L’année de sa mort, 1420 H,
fut également l’année du décès du grand savant, le cheikh ‘Abdoul
‘Aziz ibn ‘Abdillah ibn Baz -qu'Allah
lui fasse miséricorde-. Oui, à quelques mois d’intervalle nous perdîmes
abou ‘Abdillah, puis ensuite, abou ‘Abdir-Rahmane, deux astres lumineux qui
ont recouvert la planète entière, son ciel et sa terre, de lumière.
T |
elle fut l’interprétation du rêve pieux que fit plus
d’un homme de bien à des moments proches et des lieux éloignés. En effet,
il y a quelques mois certains virent en rêve deux étoiles immenses dans le
ciel, leurs lumières éclairaient tout l’horizon, et c’est alors que
l’une d’entre elle tomba puis
l’autre suivie.
Oui, le monde est pratiquement dans les ténèbres après
la perte de ces deux savants, eux, autour desquels Allah réunissait le bien, la
science, la Da’wa, la ‘Aquida, le Minhaj et ce avec bonté et réforme.
Allah a permis, et à Lui le mérite, à l’auteur de ces quelques lignes, de tenir compagnie au cheikh abou ‘Abdir-Rahmane pendant 22 ans. Ce temps là, fut apprentissage bénéfique, amour, entraide et reforme. J’ai été dans les derniers moments, honoré d’une compagnie encore plus proche, dans sa maison, au sein de ses livres près de son bureau, pendant les huit derniers mois de sa vie bénie, marquée par la science, la vérification (des Hadiths). Cette vie finie par le bien et le bonheur -InchaAllah-.
J’ai pu constater de lui
-qu’Allah le couvre de Sa Miséricorde- des moments forts dans la science
prouvant son importance et la place qu’il occupait et j’en citerais certains
à mes frères pour qu’ils puissent en tirer profit et en faire profiter
d’autres :
·
Lorsque je lui ai annoncé le décès de cheikh ibn Baz
-qu'Allah
lui fasse miséricorde-
il ne put contenir le pleur et versa de fortes larmes et prononça de
bonnes paroles sur lui.
·
Il ne se languissait pas de s’asseoir derrière son bureau, pour
écrire et vérifier des ouvrages, et ce, car ses enfants et petits-enfants lui
apportaient les livres jusqu’au 50e jour précédant sa mort, car
son corps devint faible et il perdit ses forces. Malgré cela, il resta sain
d’esprit, n’était pas sujet à l’oubli, son cœur était fermement attaché
au Coran et à la Sounnah.
Et comme on dit : « Si
j’oublie, je n’oublierais pas », la conversation téléphonique
que j’ai eu avec lui 30 jours environ avant son décès pour me demander de
l’aider à retrouver un livre de Tafsir, lui appartenant. Il était différentiable,
il se rappelait de sa forme, sa couleur… Mais malheureusement je n’ai pas pu
l’aider à le reconnaître.
Notre frère abou ‘Oubadah
‘Abdoullatif fils de notre cheikh Mouhammad Naçiroud-dine al Albany, me
raconta que notre cheikh lui demanda, 48 heures avant sa mort, de lui apporter
son livre Sahih Sounan abi Dawoud pour y vérifier quelque
chose qui lui tenait à cœur et qui lui préoccupait l’esprit.
·
Dès l’instant où il ne put plus écrire de sa propre main, il
dictait à ses enfants ou ses petits enfants certains Hadiths à écrire, et
particulièrement dans la Silsila des Hadiths faibles et ils écrivaient
donc de lui.
Et je me souviens encore il y a
quelques mois à peine, lorsqu’il écrivit 18 pages pour dénoncer un Hadith Mounkar
(parmi les Hadiths faibles) et il avait rassemblé sur sa table des dizaines de
livres dont il en prit ce qu’il voulait et l’écrivit d’une façon superbe
et remarquable, et en tira les morales et les remarques importantes. Et il ne
fait aucun mystère pour celui qui écrit et publie, combien il est difficile
pour celui qui écrit lui-même, de regrouper des textes qui se ressemblent dans
des livres différents, alors que dire de celui qui, en plus, se doit de dicter
cela aux autres et ne peut l’écrire lui-même.
·
Je l’ai vu accorder une importance particulière au livre Al
moudawi li’ilal al jami’ wa charhi al manawi de Ahmad ibn as-Siddiq
al Ghoummari [..] Il examinait les propos de l’auteur et apportait des
critiques et des remarques et discutait longuement. Et j’ai écrit de lui le
22 dhoul Qi’da de l’an 1419 H à son domicile les propos du cheikh
concernant cet ouvrage:
·
Le dernier livre sur lequel travailla notre cheikh est Tahdhib
Sahih al Jami’ as-Saghir wal Istidrak ‘alaïh. Il me répondit
lorsque je l’interrogeais au sujet de ce livre : « J’entreprends cet ouvrage sous la suggestion de ma maladie et de ma
faiblesse »
Son travail consista à authentifier ou non les Hadiths dont il n’avait
pas encore analysé les chaînes de narrateurs, se contentant du jugement
qu’en firent les savants et les Imams comme les Hadiths de Tarikh
Dimashq (l’histoire de Damas) d’ibn ‘Assakir et Al Mou’jam
al Awsat et Al Mou’jam al Kabir de at-Tabarany et
autres…
·
Mes dernières approches du cheikh m’apprirent de nombreuses
choses et je considérais ses moments comme étant des cercles
d’apprentissages intensifs. J’ai appris plus amplement la méthode du cheikh
et sa minutie en voyant tous ses ouvrages, environ 150 manuscrits dont certains
sont complets et d’autres encore inachevés.
· J’ai tenté, ces derniers temps de ne pas voyager pour ne pas quitter notre cheikh, et je me suis vu m’excuser à plusieurs reprises de voyager pour différents pays : l’Amérique, l’Allemagne, la Hollande, l’Espagne, l’Indonésie.
Mais je me suis rappelé qu’il fallait d’urgence partir en Arabie Saoudite pour renouveler ma carte de résidence, alors je demandai la permission à notre cheikh mercredi, et je ne savais ce que le destin nous réservait.
Je lui rendis donc visite après le ‘Icha, il était là, allongé sur son lit, le dos appuyé sur le bord du lit et je l’ai vu, par Allah, comme je ne l’avais pas vu depuis des mois : Le visage net, les yeux scintillants, la voix claire, l’esprit apaisé et je lui dis : « Par Allah ! Cheikh je n’aime pas me séparer de vous, mais ce qui doit être fait doit être forcément fait ».
Puis je lui expliquais l’obligation de mon voyage et il
accepta cela de la meilleure façon en faisant des invocations pour moi et il
dit: « J’espère
qu’Allah te ramènera parmi ta famille en paix ! »
Puis je lui fit mes adieux. Le jeudi matin, je voyageai donc et j’arrivai à Riyad après la prière du
Dhohr.
L’Annonce de sa mort
Le jour suivant, environ deux heures après la prière du
vendredi, j’appelais depuis Riyad chez notre cheikh pour avoir de ses
nouvelles. Ce fut sa femme -qu’Allah la fasse patienter et la rétribue- qui
me dit que l’état du cheikh était le même que depuis ma dernière visite
qui datait de moins de deux jours.
Traduction relative et approchée : "Et
lorsque leur date limite arrivera il ne pourront la devancer d’une heure ni la
retarder."
Nous avons effectué la prière du Maghreb à la mosquée
de ad-Dira à Riyad, et ce fut le cheikh Abdoul’Aziz ibn ‘Abdillah Âl
Cheikh le Moufti d’Arabie Saoudite qui guida la prière. Je rencontrais à la
mosquée de nombreux frères comme le cheikh ‘Abdoul ‘Aziz as-Sadhan
qui me fit faire la connaissance du Moufti que j’ai salué. Puis il
m’interrogea sur l’état de cheikh Nacir, comme avait l’habitude de le
faire ceux qui me voyaient en voyage, ou non, puis je lui répondis que la
situation de notre cheikh restait inchangée, et qu’il était encore malade et
que nous demandions à Allah qu’Il lui redonne force.
Et nous ne savions
pas, à ce moment là, que notre cheikh était en train de mourir ou était
mort. Entre le Maghreb et le ‘Icha se réunissait une assemblée de frères
parmi les Toulab al ‘Ilm (étudiants), et par grâce d’Allah, lors de cette
assemblée, la discussion tournait autour de cheikh al Albany et des efforts
dont il faisait preuve dans la science. La première question fut celle du
propriétaire de la maison qui évoquait des rumeurs concernant cheikh,
l’accusant d’être un Mourji et d’être en désaccord avec Ahl
as-Sounnah en ce qui concerne al Iman (la foi). Je lui répondis
donc, grâce à Allah, par une réponse exhaustive tirée des grands savants
anciens et contemporains, comme ibn Taymiya, ibn al Qayim et ceux qui les
avaient suivis dans la science et la foi. Je m’attardais donc à démontrer
que le Minhaj de notre cheikh était en accord avec le leur et ne le
contredisait en rien. Et nous n’avions pas fini avec la première question, et
pas entamé la deuxième que nous parvint la terrible information par un coup de
téléphone, et ce, seulement 30 minutes après la prière du Maghreb, cheikh al
Albany venait de décéder !
Il n’y a de
vrai Dieu qu’Allah, c’est à Allah que nous appartenons et vers Lui que nous
retournerons !
Allah a dit :
Traduction relative et approchée : "Et Nous n’avons attribué l’immortalité à nul homme avant toi. Est-ce que si tu meurs, toi, ils seront, eux, éternels."S21 V34
Par Allah ! Ce fut un choc mais nous avons patienté
et non faibli.
En fait il s’est passé le contraire de ce que
j’attendais, et ce que j’évitais à tout prix se passa (une sagesse
certaine). Il n’y a de pouvoir et de force qu’en Allah !
Et le Prophète -prières
et bénédiction d'Allah- a dit : « Et lorsqu’un mal t’arrive, ne te mets pas à dire :
« Si j’avais fais ainsi et ainsi. » Mais dis plutôt : « C’est
Allah qui a prédestiné et a fait ce qu’Il a voulu. » Car le « Si »
permet à Chaïtan d’intervenir. » Rapporté
par Mouslim d’après abou Houreira
Mais même si le cheikh est mort
et fut enterré alors que je fus loin de lui, chose qui fut dure pour moi,
j’eus tout de même le privilège, et le mérite revient à Allah, d’être
le dernier à avoir parlé au cheikh et pour qui il fit des invocations, à
l’avoir rencontré, serré sa main, hormis sa famille, alors Louange à
Allah pour ce qu’Il a prédestiné et facilité !
Allah a dit :
Traduction relative et approchée : "Dis :
Rien ne nous atteindra en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous."S9
V51
Le dimanche matin, environs deux heures avant la prière
du Dhohr, l’avion en provenance de Riyad arriva à ‘Amman, et j’accourus
près de la tombe du cheikh, essayant d’appliquer des Sounnah face auxquelles
le cheikh était méticuleux, lorsque l’on manque la prière funéraire d’un
proche ou d’un ami. J’ai donc prier sur lui, près de sa tombe, par 9 Takbir
demandant à Allah pour lui la miséricorde, les hauts degrés et la compagnie
des meilleurs parmi les adorateurs d’Allah pieux.
Je voyageais donc jeudi en saluant notre cheikh la
veille, et je revenais dimanche alors qu’Allah l’avait choisi auprès de
Lui, la veille également. Ce ne fut donc qu’une question de deux journées !!
·
Il s’avère que le testament écrit de notre cheikh est daté du
27 Joumada al Awal 1410H, soit depuis 10 ans !! Toute sa vie fut sur la Sounnah
(son vivant et sa mort).
Voici en fait 8 situations s’étant
produites sur une période de 8 mois, la première étant la plus chère de ma
vie et la dernière la plus dure pour moi.
Qu’Allah fasse
miséricorde à notre cheikh,
Et qu’Allah nous
réunisse avec lui parmi les pieux.
Car
Il est proche et répond aux invocations !