…Tout ce qui
brille n’est pas de l’or…
De nos jours tout ce qui est édité au sujet de l’Islam n’est pas forcément
à lire et tout ce qui est dit n’est pas forcément à écouter, comme tout
ce qui est entendu n’a pas, de surcroît, à être pratiqué. Et ce, pour la
simple raison que tous ceux qui parlent au nom de la science et de la
chari’a ne sont pas forcément des ‘Oulama(savants).
Il
est ici important de définir la vraie compréhension quant à celui que
l’on dénomme ‘Alim. Ceci est de vigueur du fait que beaucoup de gens
ignorent que les rangs des savants sont occupés par ceux qui n’en sont pas,
et de là est issue la confusion dans les bancs de la science dont nous goûtons
aujourd’hui l’amertume.
En effet les
musulmans en général ou les Talib el ‘Ilm (étudiants en science
islamique), en particulier, pensent que toute personne qui a édité un livre
ou fait un prône ou une conférence
est par conséquent un savant !
Or ceux qui méritent
ce titre sont peu nombreux de nos jours, et ce car pour être considéré
‘Alim il faut correspondre à certains critères qui ne peuvent
s’appliquer à tous ceux qui se prétendent l’être :
- Le ‘Alim n’est pas obligatoirement celui qui est éloquent
dans ses prônes et ses conférences ;
- Le ‘Alim n’est pas obligatoirement celui qui a écrit un
livre ou édité un manuscrit.
Malheureusement, prendre uniquement ces arguments
comme baromètre, pour faire d’un individu un savant est ce qui est encré
dans l’esprit des jeunes et des gens en général. al Hafid ibn Rajeb al Hanbali dit à ce sujet :
« Nous avons été éprouvés par l’ignorance
des gens, qui croient que celui qui s’exprime énormément parmi les
derniers, est plus savant que les prédécesseurs ; Certains pensent même
qu’un individu est plus savant que tous les prédécesseurs parmi les Sahabas et ceux qui vinrent après, de par la largesse et l’éloquence de
ses discours[…]et beaucoup des derniers (dernières générations) furent éprouvés
ainsi, et croient que celui qui polémique énormément, épilogue et débat
sur des questions religieuses est plus savant que celui qui n’en fait pas
autant. »
Et ceci décrit le temps d’ibn Rajab, que dirait-il
alors s’il avait vu les professeurs de notre époque qui submergent les
cassettes et les livres de leurs paroles, avec lesquelles
les gens se laissent duper, d’autant plus que leurs cassettes
paraissent régulièrement toutes les semaines, et leurs livres tous les mois,
et que par conséquent les gens pensent que ce sont des ‘Ulémas ?!
Et ibn Rajab a dit :
« Il
faut être convaincu que celui qui s’étale dans ses propos en matière
de science n’est pas
plus savant que celui qui n’en fait pas autant. »[1].
C’est à dire que le fait de beaucoup parler n’est pas un critère pour être
considéré comme savant.
Parmi les choses à prendre en considération pour
faire la différence entre tous ceux qui sont appelés ‘Uléma, il y a l’âge.
Prendre la science des grands (plus âgés), doit être une condition dans
l’apprentissage, notamment à notre époque. En effet le plus âgé a acquit
la science, parachevé sa raison, et s’est éloigné de l’impact des
passions ect…
Et ibn Mas’oud dit à ce sujet :
El Khatib El Baghdadi rapporte au sujet de ibn Katiba
qui fut interrogé sur ce Athar[2]
et dit :
« Ibn
Mas’oud entendait par-là que les gens ne cesseraient d’être dans le bien
tant que leurs savants seraient des personnes âgées, et non des nouveaux
(jeunes) »
Puis il ajouta à cette explication :
« En
effet celui qui est âgé n’a plus cette jouissance du jeune, cet
emportement, cette précipitation, ces excès de folie et il a acquis l’expérience
et la compétence, alors aucune ambiguïté n’entre plus dans ses
connaissances, et les passions ne le vaincront pas, et il ne sera pas dupé
par la convoitise et chaytan ne le détournera pas comme il le ferait avec un
jeune. De plus avec l’âge, il a obtenu la noblesse, le respect et il
inspire la crainte. Alors que celui qui est jeune peut être touché par ces
choses, dont le plus âgé est préservé ; et s’il en est touché et
qu’il émet des réponses dans des cas religieux (Fatwas) il conduira les
autres ainsi que lui-même à la perdition »
La
chair des savants est empoisonnée !!!
Traduction relative et
approchée : "Ô
vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché.
Et n’espionnez pas ; et ne médisez pas les uns des autres. L’un de
vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ?(Non !) Vous en
aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand accueillant au repentir,
Très Miséricordieux"
S49 V12
En effet, médire d’un musulman reviendrait à
manger sa chair. Alors que dire s’il s'agit d’un savant ? Les conséquences
seront d’autant plus grandes que la chair
des savants est empoisonnée !
Allah a dit dans un Hadith Qoudoussi :
« Celui qui fait preuve
d’hostilité envers un de Mes amis Je lui déclare la guerre … »
El Khatib el Baghdadi rapporte que l’imam ach
Chafi’i et l’imam abou Hanifa disaient :
«
Si les amis d’Allah ne sont pas les savants
alors Allah n’a pas d’ami »
Tout comme le Prophète (Paix et bénédiction
d'Allah sur lui)
disait :
“ Ne
fait pas parti de nous, celui qui n’honore pas les plus âgés parmi nous,
n’est pas miséricordieux envers nos jeunes et ne reconnaît pas les droits
des savants “[3]
.
Ainsi
l’amour porté aux savants est une forme d’adoration vouée à Allah. En
effet ‘Ali ibn abi Taleb disait dans les célèbres conseils qu’il donna
à Koumail ben Zaïd :
« … Et l’amour des savants est un culte par
lequel on adore Allah »
Ibn El Qayim disait en commentant les paroles de
’Ali :
« …Car la science est l’héritage des prophètes, et les savants sont
leurs héritiers, donc l’amour de la science et des savants est une preuve
d’amour de l’héritage des prophètes, et par conséquent détester les
savants revient à détester l’héritage des prophètes et leurs heritiers
[…] Allah est Savant et aime tout savant, et il n’accorde Sa science
qu’a celui qu’Il aime, alors celui qui aime la science et les gens de
science a effectivement aimé ce qu’Allah a aimé et ceci fait parti du
culte d’Allah »[4].
L’imam abou Ja’far at Tahawi[5]
a dit :
« …Et
les savants Salefs parmi les prédécesseurs (les Sahabas) et ceux qui vinrent après parmi les Tabi’ines, les gens du Athar et
du Khabar[6],
ne doivent être traités que de la
meilleure façon et celui qui les évoque en mal n’est pas sur la bonne voie »
Cheikh el Islam Mouhammed ibn ‘AbdelWahhab a dit :
« Ne
peut détester les gens du Hadith et médire sur eux que celui qui fait partie
des innovateurs, des menteurs et des pervers » .
De qui donc alors devons-nous prendre la science ?
Cheikh el Fawzan répond :
« Les savants dont il faut puiser la science sont ceux qui ont concilié
la science authentique, la croyance authentique, et les œuvres pieuses. Il ne
faut donc pas prendre la science des insensés même s’ils ont étudié, ni
de ceux qui se sont égarés dans la croyance par l’association ou encore
par le Ta’til[7],
tout comme il ne faut pas puiser sa science chez les innovateurs même s’ils
sont considérés comme savants par certains. ».
En somme on
pourrait classifier ces gens en trois catégories :
- les
gens de la science bénéfique et des bonnes œuvres,
- les gens de science mais qui ne
pratiquent pas,
- les gens qui pratiquent sans
aucune science.
Et Allah a évoqué ces trois catégories à la fin de sourate el Fatiha :
Traduction
relative et approchée :
"Le
chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru
Ta colère, ni des égarés."
S1 V7
- Allah
décrit alors la première catégorie comme étant comblée de Ses bienfaits,
- la deuxième comme ayant
encourue la colère d’Allah,
- la troisième catégorie comme
étant égarée ;
Les deux dernières catégories citées précédemment reflètent parfaitement les groupes égarés d’aujourd’hui, quand bien même ils s’apparenteraient à l’Islam. Aujourd’hui les savants se comptent sur les doigts de la main parmi eux citons : Cheikh al Albani, Cheikh ibn Baz, Cheikh Fawzan, Cheikh ‘Outhaymin…
Le seul homme qu’il incombe de suivre en tout et
pour tout est le Prophète
(Paix
et bénédiction d'Allah sur lui),
l’infaillible, qui ne parle pas sous l’effet de la passion. Allah a dit à
son sujet :
Traduction relative et
approchée : "...Et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; Ce n’est
rien d’autre qu’une révélation inspirée"
S53 V3-4
En effet aucun autre homme, même le plus savant, n’est exempt
d’erreur. Le Prophète (Paix et bénédiction d'Allah sur lui)
a dit:
« Tous
les fils d‘Adam se trompent et les meilleurs d‘entre eux sont ceux qui se
repentent“[8].
La position à adopter est alors la suivante :
Prendre leurs dires lorsqu’ils sont conformes aux textes : C’est à
dire le Coran, la Sounnah, tels qu’ils furent compris par nos prédécesseurs
vertueux et rejeter leurs dires
lorsqu’ils vont à leur encontre. En effet il faut privilégier la Sounnah
authentique du Prophète (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) sur l’avis de quiconque, quel que soit son niveau.
L’imam Ahmad disait à ce
sujet :
« Ne
me suivez pas en tout et pour tout (on appelle cela «et-Taqlid »), ni même
Malek ou ech Chafi'i ou eth Thawri, mais apprenez comme nous avons appris !»
[9].
Ainsi ‘Ali ibn abi Taleb disait :
« Tu
ne reconnaîtras pas la vérité par les hommes (c’est-à-dire en suivant un
homme en particulier), mais sache la vérité et tu reconnaîtras les hommes
qui suivent la vériré (la vérité c’est la preuve du Coran de la Sounnah et de l’ensemble
des compagnons)».
L’imam ech-Chafi’i disait :
« Il
n’est pas permis à celui qui prononce des décrets religieux de se baser
sur mes propos tant qu’il ne sait pas d’où je les ai puisés »
(c’est-à-dire de vérifier la conformité de ses propos avec la Sounnah
authentique)".
Et tous les savants sont unanimes pour dire :
« Lorsqu’un
texte authentique contredit nos paroles, alors délaissez nos paroles et
pratiquez les textes ».
Pourquoi alors, certains s’obstinent-ils encore à
suivre aveuglement des savants ou bien une école en prétendant que cela est
une obligation ?!
Je tiens tout de même
à ajouter que si les savants ne sont pas à l’abri de l’erreur, il n’en
reste pas moins que se sont ceux qui craignent le plus Allah, et ceux qui
conseillent le mieux la communauté et le fait qu’ils puissent revenir sur
leurs propres propos est un signe d’honnêteté qui est tout à leur
honneur.
Un jour el Hassan ibn Zyad fut
interrogé sur un sujet et la réponse qu’il donna était fausse ;
Malheureusement il ne se rappelait plus qui l’avait interrogé, alors il
engagea une personne pour dire à haute voix parmi les gens : « Hassan
ibn Zyad fut interrogé tel et tel jour sur une question et il s’est trompé,
alors que celui qui l’a questionné aille le voir !». Ainsi
pendant plusieurs jours, il s’est abstenu de faire des Fatwas aux gens
jusqu’à ce qu’il retrouva celui qui l’avait interrogé et l’informa
qu’il s’était trompé et lui donna la bonne réponse[10].
De toute façon ils resteront récompensés pour
leurs efforts ! Le Prophète
(Paix et bénédiction d'Allah sur lui) a dit : « Quand le juge prononce un décret et qu’il a fait un effort personnel et qu’il répond correctement, il sera rétribué deux fois, mais
s’il fait preuve d’effort et qu’il se trompe, il sera quand même rétribué
une fois »[11].
Références :
Le
comportement de celui qui recherche la science
Les réponses bénéfiques aux questions concernant les nouveaux minhaj
(Cheikh al Fawzan)
La satisfaction de ce qu’ont apporté les imams au sujet de l’ittiba’ (Mouhammad ben Hadi ben ‘Ali el Madkhali)
Recherche rédigée par oummou Yassir
[1]
Extrait du livre d’ibn Rajab : Le mérite de la science des
Salefs (prédécesseurs) face à celles des khalefs (ceux qui sont venus
après) (p.38-40)
[2]
Le Athar est une information accréditée à un compagnon ou un Tabi’i,
sauf s’il est précisé : « Dans un Athar d’après le
Prophète (Paix
et bénédiction d'Allah sur lui
).. » alors ici il s’agira d’un hadith.
[3]
Rapporté par l’imam Ahmad dans son Mousned, ainsi que son fils
‘Abdallah et el Hakem.
[4]
Extrait du livre de ibn el Qayim, Miftah Dar es Sa’ada.
[5]
L‘imam at Tahawi est le célèbre auteur de al Aquida Tahawiya
que nous vous recommandons vivement d’étudier !
[6]
Le Khabar désigne ce qui est accrédité au Prophète (Paix
et bénédiction d'Allah sur lui
) . Il peut avoir un
sens plus large et englober ce qui est accrédité à un autre que lui.
[7]
C’est le fait de nier ou rejeter une information contenue dans le Coran
ou la Sounnah.
[8]
Rapporté par Ahmad, ibn Majah et Tirmidhi. Sa chaîne de transmission est
authentique.
[9]
Rapporté par Saleh fils de l’imam Ahmad, cité dans les Fatawa de ibn Taymiya et dans I’lam el
Mouaki’in de ibn el
Qayim
[10]
Extrait de el Faqih wa el Moutafaqih de El Khatib el Baghdadi.
[11]
Rapporté par el Boukhari et Mouslim.